mercredi 20 avril 2016

YuanYang

À nous les plus belles rizières de Chine! Il s'en est passé des choses ici, préparez-vous au dépaysement! Comme nous informe le jeune homme très légèrement bilingue de la Ni Youth Hostel International de Jianshui, il y a plusieurs bus qui vont dans la région de Yuanyang, là où se situent les rizières en terrasse, notre destination. Par contre, il y a 1 bus qui va directement à Xinjie, la "vieille ville", qui se situe à moins d'une heure des rizières. Les autres bus vont à Nansha, la "nouvelle ville", qui est à 2h des rizières. Ce seul bus part à 11h00. Nous le prenons et une fois rendus à Xinjie, ça devient plus simple. Il nous faut prendre un mini-van en direction des rizières Dioyishu, là où se trouvent la majorité des guesthouses et hôtels. À notre sortie du bus à Xinjie, plusieurs gens viennent nous solliciter pour nous proposer un transport. Donc, à ce point, il faut seulement faire attention au prix. De base, il est de 20 yuans/personne (4$ CAN). 

En chemin, le conducteur nous dit en Mandarin qu'il faut faire une halte pour acheter les tickets d'accès pour les plateformes d'observation des rizières. On ne comprend évidemment pas, mais tout ça s'éclair en sortant du mini-van. Auparavant, certains blogues parlaient d'astuces pour outrepasser les guichets et ne pas acheter le ticket. De nos jours, à moins de louer une voiture, la démarche est devenue très ardue, les bus et mini-van sont obligés d’arrêter aux guichets. De toute façon, suite à notre expérience, on suggère de l'acheter sans se poser de questions. Oui l'argent va directement dans les poches du gouvernement chinois au détriments des Hani, la minorité chinoise présente dans Yuangyang. Cependant, le but d'y aller étant de profiter de bons points de vue, l'option sans ticket devient de plus en plus difficile, les plateformes étant de mieux en mieux organisées pour décourager les non-détenteurs. Il est donc devenu plutôt compliqué de trouver un bon point de vue à l'extérieur de celles-ci. L'achat du ticket est tout de même accessible pour les budgets bas; il coûte 100 yuans (20$ CAN, il a baissé étant auparavant à 180 = 35$) et donne un accès unique aux plateformes clôturées des 4 rizières. Il y a aussi un autre ticket en vente à 180 yuans, valide 7 jours, qui donne un accès illimité. Des navettes circulent entre les sites et les conducteurs profitent de la nécessité du déplacement: de 10 a 20 yuans/personne (2-4$ CAN le trajet) d'une rizière à une autre. Hey oui, la Chine est plutôt chère.


Pour alléger votre lecture, nous vous offrons une jolie fleur

Nous arrivons à la Belinda Guesthouse aux environs de 16h00 le 14 mars 2016. Nous restons pour seulement deux nuits, il faut donc être bien préparés. Il y a 4 principaux sites dédiés à l'observation, ici énumérés en ordre d'importance: Laohuzui, Dioyishu (là où on réside), Bada et Qingkou. Ce dernier, nous n'irons pas le voir, car c'est le site le moins intéressant et par cause de manque de temps. Des 4 sites, deux sont propices pour observer le coucher du soleil (Laohuzui et Bada) et les deux autres pour le lever (Dioyishu et Quinkou). Aussitôt arrivés à destination, nous sortons devant l'hostel pour héler un transport qui nous amènera aux rizières. Le 1er van que nous interceptons se rend à Laohuzui, nous embarquons. Voyez ce plan pour suivre nos déplacements.

Cliquez sur l'image pour la voir en plus grand

Une fois sur place, la police nous empêche d'accéder au site en voiture, mais on peut y aller à pied pour 30 minutes de marche. Le conducteur de notre mini-van nous fait comprendre qu'il y a un contingent transportant quelqu'un d'important aux rizières et que les policiers contrôlent sa sécurité. Bref, on part à pied et il faut se grouiller, car il est 18h15 et le soleil se couche à 19h. On arrive pile à l'heure 15 minutes avant le coucher du soleil et on court pour se trouver une place; l'immense emplacement est bondé! Voici les clichés qui ont donné de bons résultats.

Une âme charitable nourrissant des canards... à moins qu'elle compte en faire du canard laqué?!

Petit village Hani bordant les rizières Laohuzui






Après le coucher du soleil, nous retrouvons notre chauffeur pour le chemin du retour mais, on apprend qu'il prévoyait prendre la direction opposée à la nôtre. Le temps qu'on comprenne ce qu'il nous dit, les autres mini-van sont déjà partis. Voyant cela, il accepte de passer par l'autre coté de la boucle pour nous aider. En chemin, je lui propose de l'argent mais il me dit qu'il n'en veut pas! Je fini par comprendre qu'on a eu la chance de tomber dans un mini-van loué par un jeune touriste originaire de la province chinoise du Hunan qui veut simplement nous aider. Arrivés à notre guesthouse, il veut qu'on se prenne en photo en disant avec son accent très cassé: "We are friends now"! Oui, mets-en qu'on est amis mon vieux, tu nous a dépanné et ce, gratuitement. On va au lit, satisfaits du succès de notre soirée.


On se lève le lendemain vers 5h45 pour se rendre à pied à la plateforme de Dioyishu afin de profiter du lever du soleil. Encore une fois, l'emplacement est bondé et il faut trouver un petit trou quelque part pour prendre des photos.




Et la brume qui vient caresser les rizières...magique



De retour aux marches qui mènent à la Belinda Guesthouse...je confirme qu'on est à la campagne ami lecteur

La "modeste" vue du toit de l'hostel

C'est à couper le souffle. Nous avons appris en s'informant que certaines rizières dataient de plus de 1000 ans et qu'ils étaient façonnées comme cela essentiellement pour une question d'utilité. La beauté donnée est donc un heureux résultat du travail acharné des cultivateurs. Yuanyang est classé au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2013 seulement et depuis, c'est le boom touristique, au détriment des locaux...

Au moment du cliché, la vieille dame à l'arrière a levé un doigt vers moi...dans mon élan de kid kodak, j'ai complètement oublié de lui demandé la permission, le con. Elle n'était pas très contente, je me demandais si elle allait lancer son bétail à mes trousses...Mais bon, je m'en tire à la suite d'humbles excuses

Plus tard, en milieu d'après-midi, nous avons été marcher dans les rizières de Bada, situées au nord de Dioyishu. Ce fut une promenade mémorable. D'un autre côté plus sombre, on peut observer les minorités Hani travailler comme des esclaves en transportant de lourds chargements de béton sur leur dos. Hommes et femmes s'adonnent à la tâche d'un air las et résigné, ce qui m'a profondément attristé et fait voir un très vilain côté de l'industrie touristique. Non seulement les habitants sont déplacés, envahis, mais doivent de plus travailler sur les infrastructures touristiques dans des conditions effroyables. De surcroît, suite au boom touristique, les prix autours des rizières montent et appauvrissent les locaux, qui n'ont pas le choix de se soumettre pour survivre. Les liens se forment dans ma tête et prennent des airs d'engrenage maléfique. Oh, n'imaginez-vous pas que je ne m'en doutait guère, ça a seulement été une bonne dose de réalité en plein visage. Sans vouloir abuser du ton dramatique, je ne pouvais cependant pas passer tout cela sous silence. Comme preuve de ma bonne volonté de finir ce paragraphe en beauté, voici les images captées lors de notre ballade.

Juste grandiose





Après la descente, on remonte jusqu'à la plateforme. N'étant pas les rizières les plus populaires, elles sont beaucoup moins achalandées que les précédentes. La différence de hauteur offre une variante intéressante de paysage et on a la chance d'observer des aigles en train de planer.







À un certain moment, l'agencement soleil/nuage nous a donné deux merveilleux clichés


Le lendemain matin, un employé de la Belinda Hostel propose de nous emmener à un endroit discret où on peut observer les rizières de Dioyishu sans être engloutis par la horde de touristes qui inonde les plateformes. Sur place, on patiente une bonne demi-heure avant le levé du soleil. La lumière progressant, un monsieur vient et commence à nous parler en mandarin. Nous lui répondons en Français: "Si vous ne me comprenez pas présentement, comment voulez-vous que moi je vous comprenne?" (90% des Chinois pensent que le monde entier parlent mandarin...) Il devient alors plus impatient et passe près de pousser Geneviève avec sa main. Le message s'éclairci: "ceci est chez moi et vous n'avez rien à faire ici". Un peu brusqués par ce traitement, on se lève sans répliquer et on va s'asseoir un peu plus loin, en compagnie d'autres touristes chinois qui prennent des photos avec leurs caméras sur trépied. Le monsieur revient mais parle en mandarin à nos voisins. Pouvant communiquer avec lui, ils choisissent de l'envoyer gentiment promener, si je suis bien l'échange non-verbal. À peine 30 minutes plus tard, on a pris quelques photos mais l'éclairage commence juste à être optimal, il y a alors un plus jeune qui revient à la charge. Lui n'y va pas par quatre chemins et exige directement de l'argent pour payer notre "droit de présence". Les Chinois rechignent un peu mais acceptent, pour notre part on en a marre et on choisit de partir. Le jeune ne demandait pas un gros montant, mais on avait déjà vu ces rizières la veille, alors on préfère s'en aller. Je comprends tout de même les locaux de vouloir leur part du gâteau face à l'envahissement touristique massif. J'ai réussi à obtenir quelques photos avant que l'on parte.

À droite, on peut voir le village dans lequel on réside, aux abords des rizières Dioyishu


Nous ne nous sommes pas ennuyés à Yuanyang, une péripétie n'attendait pas l'autre! On repart émerveillés, mais avec un pincement au cœur. Nous avons pu observer des méthodes plus que discutables entreprises par les Chinois pour faire fructifier leur économie: la fin justifie les moyens résonne à mes oreilles. Je vous conseille tout de même d'aller profiter de ces merveilles de la nature avant que le paysage soit trop affecté par l'industrie touristique. Pour nous, direction Kunming pour une courte escale d'une journée. Puis, on sautera dans un train vers Chengdu, dans le Sichuan.

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