samedi 2 janvier 2016

Mondulkiri

De l'air pur, des paysages tropicaux et surtout, aucun tuk-tuk, car il y a trop de côtes dans la ville pour qu'ils soient efficaces. Sen Monorom, capitale de la région du Mondulkiri, fait du bien. Aussitôt débarqués, il y a tout de même des rabatteurs pour nous offrir des chambres. Un couple de Français qui faisaient le voyage en même temps que nous ont déjà une réservation au Nature Lodge, un Guesthouse de style écologique qui se trouve à 2 km de la petite ville. Nous empruntons leur téléphone mobile pour demander s'il reste de la place. Il s'avère qu'il leur reste seulement des bungalows à 15$. Je redemande pour confirmer et j'entend qu'il lui en reste un à 10, mais là ça coupe et je suis incapable de rapeller. 10$ US c'est un peu cher, mais les commentaires sont vraiment bons en ligne et dans le guide alors, nous décidons que nous les suivrons. Avant la marche, on dîne et on discute d'un plan sur 4 jours et ça donne ça: explorer les chutes d'eau aux environs, aller faire une expérience avec les éléphants qui se combine avec un trek et profiter du cadre qui est assez génial merci.

Après le dîner rapide, on commence immédiatement à magasiner le trek. Pour nous 4, c'est le celui de deux jours qui est intéressant. Les agences proposent tous sensiblement le même forfait: Le trek dans la jungle qui passe par des impressionnantes chutes d'eau aux environs de Sen Monorom pour la 1ère journée, et le jour suivant c'est la rencontre avec les éléphants et la baignade avec eux. Les agences ont tous des groupes d'éléphants bien à eux, qui sont plus ou moins bien traités selon le choix. La plupart ne permettent plus aux touristes de les monter, mais certaines irresponsables cèdent encore aux demandes insouciantes des "tourisques". Pour ceux qui l'ignoreraient, cette pratique tend à disparaître pour la bonne raison que pour dresser une des plus imposantes créatures terrestre, il faut lui appliquer un rituel très violent. Les éleveurs appellent cela la "séparation de l'âme du corps". Sans entrer dans les détails, il s'agit de battre violemment l'éléphant jusqu'à ce que dans son esprit naisse la peur de l'homme. Étant une bête dotée d'une remarquable intelligence, cela peut prendre un certain temps. Une fois cela fait, l'éléphant sera enclin à obéir pour ne plus jamais revivre pareil traumatisme. De là l'importance de s'informer avant de faire n'importe quoi, car c'est déjà très bien d'entrer en contact avec eux, de les nourrir, de les promener et de se baigner avec eux.

Première agence que nous visitons c'est le Greenhouse tour. Ils sont très bien cotés sur le net et dans le guide, ils commencent leur prix à 65$ mais on réussit à les faire descendre à 60$ pour 2 jours, par personne. C'est pas si mal. Deuxième agence, c'est un guide indépendant. On le rencontre à la Guesthouse Indigenous, sur le chemin du Nature Lodge. Il nous fait le forfait à 55$ celui-là, c'est à prendre en considération. Nous complétons notre marche jusqu'au Nature Lodge.

À l'accueil, la fille de la réception s'était trompée et il ne lui reste que des chambres à 15$. On réussi à lui négocier 2 nuits pour 25$ (trop facile la négo, c'est louche), mais on aime beaucoup l'endroit alors on décide d'y rester même si c'est un peu au-dessus de ce que nous nous étions fixés. On vous parlait du cadre de l'endroit dans l'introduction, voici une autre raison qui nous a fait rester.


Dans la soirée, nous demandons à la réception le prix proposé pour le trek, car ils en organisent également. Il est à 75$, et ce prix est justifié par le fait que c'est un projet à but non lucratif et que ça n'encourage pas le profit. D'accord, mais si ça n'encourage pas le profit, pourquoi je dois payer plus cher pour que l'argent aille à la bonne place? Bref on décide d'y penser jusqu'au lendemain.

Au matin, nous décidons de choisir le Greenhouse Tour. Les cotes sur TripAdvisor étaient imbattables et de plus, nous avons reçu un message en matinée de nos amis du Chili, Mathieu et Florence, qui l'avait pris lors de leur passage au Cambodge et avaient été très satisfaits. Connaissant leur sens critique fort développé, je ne doutais pas du tout de notre décision! Nous entamons donc une marche en ville pour se rendre au Greenhouse, qui est une guesthouse également. Nous réglons les choses avec eux pour le lendemain. Après, nous leur louons deux scooters pour nous 4, nous avons l'intention d'aller aux chutes Bousra, se situant à 33 km de la ville. Une bonne ride nous attend donc!

Effectivement, la route est secondaire et commence dans un sale état. C'est la course à obstacle pour éviter les nombreux trous! Un peu plus loin, la situation s'améliore et on peut rouler à bonne vitesse. Nous arrivons et allons voir cette fameuse chute. Elle est de toute beauté, une des plus belle que nous ayons vu jusqu'à maintenant. Elle fait 10 mètres de haut.


On s'installe pour un pique-nique peu après. Pendant le repas, on remarque qu'il y a un deuxième niveau de chutes un peu plus bas. Celle-ci semble culminer dans les 25 mètres!


On cherche un moyen d'y descendre et on fini par trouver un chemin qui passe par des marches, vertigineuses ma foi.


La vue d'en bas est à couper le souffle.


Moi et François remarquons un point d'escalade qui se rend tout près de l'eau. C'était glissant à souhait, pas très sécuritaire mais bon, que serait la vie sans un peu de risque!


On prend le chemin du retour, c'est déjà la fin de l'après-midi. On s'installe en soirée à la place commune du lodge pour écrire et discuter.

C'est le temps pour le trek le lendemain. Finalement, on découvre que l'itinéraire est contraire à ce que nous pensions: on fait la journée avec les éléphants en 1er et le trek dans la jungle est pour le 2e jour. On nous prend au Nature Lodge le matin à 8h. On nous amène rejoindre la guide, qui se nomme Heng. Au premier contact, elle nous semble assez timide et très professionnelle. On est un groupe de 7, moi et Geneviève, François et Margaux, une allemande et deux Françaises, Léa et Agnès. Elle nous amène sur des terres où les gens récoltent le riz, des familles de locaux qui vivent selon les anciennes traditions.


On va dans une hutte à proximité qui appartient à une des famille (voir ci-haut). La dame en-dedans nous invite à nous asseoir. Heng nous traduit ce qu'elle nous dit à mesure qu'elle nous parle, elle dit qu'elle est très contente de nous recevoir chez elle. Elle me demande de prendre une banane et de la jetée dans les braises qui enfument la hutte. Après 15 minutes, ça donne une banane qui a perdu du sucre et qui est devenue très filamenteuse. C'est plutôt bon! On retourne ensuite dans notre van pour se rendre à l'endroit où se trouvent les éléphants qui appartiennent à la compagnie qui s'occupent de nous.

Sur place, on se détend un peu près d'une rivière à proximité.


Plus tard, la guide nous informe qu'il est temps de faire le 1er contact avec les éléphants. On les entend de loin avec leur cris stridents et grâce à leur cloche autour du coup. On aperçoit le 1er éléphant...on a reçu diverses instructions pour agir avec eux et l'une d'elles étaient de ne pas reculer lorsqu'ils nous approchent. Simple, mais quand tu vois ça s'approcher, l'instinct te demande de reculer.


Évidemment, on suit les règles à la lettre et je le nourris avec ma portion de 10 bananes...parties en 30 secondes haha. Quelle belle bête, on marche ensuite vers les 2 autres éléphants. On nous dit que la compagnie possède 5 éléphants et que seulement 3 sont exposés aux touristes, les 2 autres étant trop agressifs. Ce sont des femelles aussi, les mâles étant trop imprévisibles. Donc, arrivés près des deux autres, le même manège recommence pour les autres avec leurs bananes. Une des bêtes est âgée de 92 ans! C'est elle qui a le moins bon caractère, il y a une manière spécifique de la nourrir dictant de se mettre à sa droite (surtout pas à gauche...!) et de déposer la banane sur le coin de sa bouche. Les 2 autres, on les nourrit devant eux en mettant la banane à portée de la trompe. Voici quelques clichés des rencontres.


Pour le vieux, j'ai demandé ce qui arrivait quand on lui donnait à la trompe. Heng nous dit: "Une fois il va la prendre et ça va être correct, la 2e fois il va vous flanquer un cou de trompe et ça, ça va faire mal" À voir la taille de la trompe, vous l'auriez cru! Moi qui n'aie plus de bananes, je me met à caresser la trompe de l'éléphant le plus réceptif des 2, le plus jeune. Je remarque que des larmes coulent de ses yeux. Heng m'explique que c'est parce qu'elle veut me raconter une histoire qui lui fait de la peine. Devant mon air légèrement perplexe, elle m'explique que ces éléphants sont libres depuis seulement 1 an et demi et qu'avant, on les montait encore et que toute leur vie, ils ont été esclaves de la volonté des hommes. En réalité, pendant qu'elle me disait cela, je plongeais mon regard dans celui de l'éléphant et la brillance, l'intelligence que j'y voyais finissait de me convaincre que c'était bien réel et que celui-ci était parfaitement capable de me communiquer ses émotions. Belle expérience.

Après, on retourne au campement initial pour prendre le repas. Ensuite, on se repose près de la rivière et de la petite chute. À un certain moment, on apprend que l'on peut sauter du haut de la rivière dans le petit étang plus bas, où les éléphants vont venir se baigner un peu plus tard.


C'est la guide, Heng, qui se lance la 1ère sans hésitation! Devant la vision de la petite Cambodgienne de 5p1 s'élancer, moi et François on fait ni une ni deux et on jump! Plus tard, les éléphants viennent se baigner et on nous amène pour grimper sur eux et les nettoyer. Un peu effrayant quand même, c'est fou comment on se sent insignifiant dans l'eau à côté de bêtes pareilles!


Après cela, nous disons au revoir aux éléphants


et on nous ramène à la civilisation. On nous dépose à une plantation de café. On prend d'abord un café qui devait être excellent sans l'exécrable lait condensé que l'on a mis dedans en trop grande quantité. Peu après, la guide nous amène faire une visite. Un petit copain inattendu fait également parti du paysage.


La plantation est immense et ne fait pas pousser que du café. On y trouve également une panoplie de fruits entre autres: jackfruits, mangues, avocats, limes, framboises, etc. Il y avait aussi des plants de poivre. Heng nous dit que c'est très courant d'en retrouver dans les plantations au Cambodge. La demande est forte de l'étranger, ce qui fait que le prix du kilo se vend très cher et c'est devenu très intéressant d'en faire pousser. On s'était aperçu du prix haut à Kampot, mais maintenant on comprend mieux la raison.

 Heng, notre guide et des Jackfruits
 Grains de café
Plants de poivre

Par la suite, on nous dirige vers le village où nous allons passer la nuit, situé à environ 10 kilomètres de Sen Monorom.


Heng, avec qui on s'entend super bien, n'est pas notre guide pour du lendemain, c'est un autre qui va s'en charger. Cependant, elle n'a pas de contrat de guide le jour suivant, alors elle décide de nous accompagner au village et également de faire le trek avec nous, nous en sommes bien contents! Nous dormons dans un luxueux bungalows avec sept lits doux comme de la soie...c'est ce que j'essayais de m'imaginer mal couché dans mon hamac militaire pendant que les nombreuses fourmis se glissaient dans la bouffe laissée dans notre sac à dos. Mais que voulez-vous, ce ne serait pas une aventure sans des moments comme ça!

Après une nuit froide et très venteuse (rafales jusqu'à 70 km/h, c'était intense!) contenant au tout et pour tout 3 heures de sommeil, nous déjeunons tôt et partons pour le trek que j'attendais avec impatience. On nous présente notre guide #2 dont j'ai oublié le nom, en tout cas il chantait pour passer le temps et c'était tout un interprète! Les paysages du trek se révèlent vraiment intéressants, ça fait du bien d'enfin rencontrer le Cambodge à l'état sauvage.


On arrive à une autre chute pour l'heure du dîner. Les lunchs sont déjà prêts pour ce qui est du poulet et du riz, mais notre guide nous prépare un mélange de légumes à la saveur locale qui cuit sur feu, dans un tube de bamboo. Pendant ce temps, la chute d'eau est un beau point pour amuser les enfants. Donc, moi et François allons en profiter un peu. Au-dessus de la chute, il y a une liane sur laquelle un peu grimper aussi haut qu'on voulait. Je vous montre ce que ça a donné.


Après le dîner qui s'est avéré délicieux, on continue notre trajet parsemé de verdure, de nature sauvage, de paysage fascinants et autres chutes merveilleuses.


À un certain moment, on croise un éléphant qui est monté par un local.


Heng et lui conversent quelques minutes en Khmère, la langue cambodgienne, avant que l'on s'éloigne. Elle nous explique après qu'elle lui avait demandé pourquoi il montait encore l'éléphant alors qu'il savait que ce n'était pas bon pour eux. Le local aurait répondu qu'il le faisait uniquement parce qu'il y avait encore une demande des clients. Ce qu'on ferait pas pour l'argent... Plus loin, nous avons à traverser une rivière à débit assez élevé, c'est le défi de cette journée. Pas nécessairement physique, mais plus technique, car les pierres dans l'eau sont très glissantes et à certains endroits, le courant est assez fort pour vous faire tomber si vous manquez d'équilibre. Tout s'est bien passé mais bon défi quand même.


Après cette petite frousse, je ressens une légère montée d'adrénaline et les autres boys aussi on dirait. Vers la fin du trek, il reste deux bonnes côtes. Dans la 1ère, le guide, qui est devant moi, me lance un regard de biais accompagné d'un sourire espiègle avant de commencer à courir. Je me lance et le suit jusqu'à le dépasser haha le petit coq était bien fier! 2e côte même chose, plus François qui se met aussi de la partie. Celui-là étant assez en forme, c'était très serré! J'ai enfin pu sortir mon énergie, ça faisant longtemps que je n'avais pas pousser la machine. Un paysage final de toute beauté récompense nos efforts après la dernière montée.


Fin de journée sans histoire, retour au Nature Lodge. Le lendemain, notre seule activité était d'aller acheter des billets d'autobus, nous en avons profiter pour récupérer de la journée précédente. C'était le 19 décembre, date de la fête de ma douce, bonne fête mon amour :), mais nous nous sommes couchés à 10h ce soir là, exténués. En route pour les temples d'Angkor à Siem Reap, le lendemain.

Fait cocasse #1
Au retour du trek, quand on nous a redistribué des bungalows différents des autres que l'on avait eu avant le trek, il est arrivé un évènement assez particulier. Agnès et Francois avaient eu le bungalow juste a côté de nous. On arrivait avec nos bagages, et eux ont ouvert la porte avec les employés du lodge pour s'installer. Un serpent d'un mètre est tombé sur l'employé quand il a ouvert la porte! Celui étant très calme, c'est plutôt Agnès qui a réagi! De plus, il y avait un deuxième serpent qui se tenait sur les poutres du haut. Les employés ont réussi à le faire fuir, mais n'ont pu retrouver sa trace. Ce faisant, ils ont transféré le couple dans un autre bungalow, au cas ou.

Fait cocasse #2
Après la journée avec les éléphants, lors de la soirée au village, on a été chercher quelques rafraîchissements avec la guide à un petit dépanneur. Des locaux faisaient un barbecue à proximité et ils vendaient des grillades. Moi et Geneviève on s'est pris un morceau ou deux qui étaient bien bons. Dans le chemin du retour, la guide nous demande si on sait ce que l'on a mangé. On répond que non, elle nous dit que c'était du chien....HAAA! Merde on a mangé du chien!! Ça goûtait le porc et il y avait de la graisse pas mal après les morceaux, assez pour que je me demande si elle était sérieuse, mais au final je crois que sans le vouloir, on a goûté a du chien .... bah c'était pas mauvais!


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